Histoire du dopage

1) Avant 1960

Les populations primitives africaines et amérindiennes utilisaient des drogues afin d’augmenter leurs capacités physiques et psychique lors de certains rituels. Ces populations africaines consommaient de la noix de kola et celles amérindiennes mâchaient des feuilles de coca ou les consommaient sous forme de tisane . Dès l’Antiquité, les grecs utilisaient de l’hydromel (boisson à base d’eau et de miel fermenté grâce à des levures de vins ou de bière) et les romains des feuilles de sauge.  Les populations asiatiques (principalement chinoises et coréennes) utilisaient le ginseng, plante augmentant la résistance physique.Peu après est apparu un nouveau type de consommation à des fins sportives. Les athlètes pensaient que manger un animal permettait de s’accaparer ses qualités, par exemple :

– Les lutteurs préféraient de la viande grasse de porc afin de développer leur carrure.

– Les sauteurs mangeaient de la viande de chèvre qui affinerait tout en musclant ses consommateurs.

– Les boxeurs optaient pour la viande de taureau qui leur accorderait une force exceptionnelle.

La feuille de coca était le seul produit naturel utilisé par les athlètes européens au XIXème siècle, c’est ainsi que des boissons isotoniques à base de feuille de coca naissent.

Le tout premier produit pouvant être considéré comme dopant non-naturel est le vin Mariani. Le vin Mariani était formé à partir de vin de Bordeaux et de d’extraits de feuilles de coca du Pérou. Surnommé le « vin des athlètes », il contient de la cocaïne qui est un produit euphorisant qui donne au consommateur une sensation de bien-être.  En 1865, nous pouvons considérer que la première affaire de l’histoire du dopage éclate, des nageurs néerlandais ont étés aperçus avec du vin Mariani.  Selon de nombreux experts, le premier coureur cycliste décédé suite à la prise de produits dopants serait la gallois Arthur Linton qui meurt après l’arrivée du Bordeaux-Paris de 1886. Au début des années 1900, les cyclistes participant au premières éditions du Tour de France n’hésitaient pas à faire une pause dans les bars situés aux pieds des cols afin de consommer de l’alcool pour être dans un état second et être insensible à la douleur.

2) Après 1960

Dans les années 1960, les recherches scientifiques à propos du dopage s’intensifient.Voici une chronologie des scandales liés au dopage dans la deuxième partie du XXème siècle, le dopage moderne :

1960 : Au JO de Rome en 1960, le coureur danois Knud Enemark Jensen meurt à l’arrivée de l’épreuve des 100 km. Son décès serait lié au dopage. Sa mort provoquera un électrochoc. Dès 1963, le congrès de Madrid aboutit à la création d’une commission d’experts par les états membres du Conseil de l’Europe.

– 1965 : Première loi antidopage en France, les coureurs du Tour de France forment un mouvement de grève.

– 1966 : La Fédération Sovétique retire la candidature des sœurs Press aux JO de Mexico de 1968, où les premiers contrôles antidopages étaient annoncés. Les sœurs Press (Irina et Tamara) étaient des athlètes de haut niveau ayant tout raflé sur leur passage. Lors de l’instauration de contrôle de féminité, des rumeurs concernant leur féminité se voient octroyées davantage de crédit suite à leur retrait de la compétition. La presse occidentale ayant longtemps abordé ce scandale conclut qu’elle recouraient à des hormones de croissances masculines, les principales intéressées préférant affirmer qu’elles sont atteintes d’une maladie héritée de leur grand-mère.

– 1967 : Lors de la 13ème étape du Tour de France reliant Marseille à Carpentras, le cycliste britannique Tom Simspon meurt sur les pentes du Mont Ventoux. Après avoir erré sur les routes durant quelques minutes, Tom Simpson s’écroule. Il décède lors de son voyage en hélicoptère vers l’hôpital de Carpentras. Privation d’eau, chaleur torride (plus de 35°C) l’auraient poussé à consommé des produits illicites afin de résister, sa mort serait donc due la prise de produit dopant : les amphétamines.

– 1968 : Lors des JO de Mexico ont lieu les premiers contrôles antidopages. Les femmes sont soumises à un test de féminité.

– 1976 : La Fédération Soviétique soumet la totalité de ses athlètes à des contrôles antidopages dans un bateau installé sur le fleuve Saint-Laurent afin d’éviter des nouveaux scandales. Lors de ces JO (Montréal), près de 2000 sportifs furent contrôlés. 10 sportifs ont étés contrôlés positifs (8 haltérophiles, 1 athlète et un tireur), dont 8 avec des stéroïdes anabolisants.

– 1980 : Lors des JO de Moscou, aucun contrôle n’a été révélé positif. La compétition avait été boycotté par des grandes nations, dont les Etats-Unis, le Canada et le Japon.

– 1984 : Durant les Jeux Olympiques de Los Angeles, 12 athlètes ont étés contrôlés positifs. Parmi les douze athlètes, sept ont consommés de la nandrolone, un stéroïde semblable à la testostérone. A l’occasion de ces Jeux, les Américains créent leur premier laboratoire de contrôle.

– 1988 : Lors des JO de Séoul, dix sportifs ont étés contrôlés positifs. Ben Johnson figure parmi la liste des sportifs dopés car ayant consommé du stanozolol (dérivé de la testostérone). Le record du monde qu’il établi lors de la finale du 100m (9″79) sera invalidé, et sa médaille d’or lui sera retirée.

– 1992 : Lors des Jeux Olympiques de Barcelone de 1992, cinq sportifs ont étés contrôlés positifs dont deux au clenbutérol.

– 1994 : Lors de la douzième édition des Jeux Asiatiques d’Hiroshima, 11 sportifs chinois sont contrôlés positifs dont 7 nageurs. Une saisie record d‘éphédrine est effectuée à Mexico où près de 50 tonnes destinées à des laboratoires clandestins ont étés saisies. En Juin ce cette même année, l’argentin Diego Maradona est contrôlé positif à l’éphedrine

– 1996 : Durant les Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, seuls deux cas avérés de dopage ont étés signalés, les athlètes Iva Prandzheva (Bulgare) et Natalya Shekhodanova (Russe) avaient consommé (respectivement) du metadienone et du stanozolol.

– 1998 : Réputée comme équipe la plus forte du monde, l’équipe cycliste Festina se voit suspectée de dopage au début de l’année 1998. 3 jours avant le départ du Tour de France, ce qui n’était que rumeur devient réalité, l’affaire Festina éclate. Willy Voet, soigneur de l’équipe Festina, est pris en flagrant délit en possession de 497 doses de produits dopants (235 ampoules d’EPO, 120 capsules d’amphétamines, 82 solutions d’hormones de croissance et 60 flacons de testostérones). Quelques jours après la saisie, le soigneur et le directeur général de l’équipe cycliste, Bruno Roussel, affirment l’existence d’un réseau de dopage organisé au sein de l’équipe. Ce scandale a terni l’image du cyclisme auprès des Français mais aussi celle des coureurs impliqués dont les plus connus sont Richard Virenque, Laurent Brochard, Alex Zülle, Laurent Dufaux, Armin Meier et Christophe Moreau. Ce scandale est, de loin, le plus important de l’histoire du dopage.

– 2001 : Le 6 Juin 2001, une spectaculaire saisie de produits dopants a lieu. A la suite d’une perquisition menée par une centaine de policiers italiens, une soixantaine de coureurs sont concernés par la consommation de ces produits, parmi elles figurent des grands noms comme Leonardo Piepoli, Christophe Brandt mais surtout Jan Ulrich et Marco Pantani. Au final, 22 personnes furent renvoyées devant le tribunal, s’ensuivent des peines de prisons avec sursis et plusieurs amendes allant jusqu’à 6000€.

– 2003 : Trevor Graham, entraîneur d’athlétisme a dénoncé anonymement des athlètes en les accusant d’avoir consommé de la THG, un stéroïde anabolisant. Dans cette accusation, l’entraîneur a dénoncé Victor Conte en tant qu’organisateur du trafic. Une perquisition menée en septembre dans le siège du laboratoire BALCO (possédé par Victor Conte) a permis la découverte d’hormones de croissance et de stéroïde. De plus, une liste a été découverte contenant des noms de grandes célébrités dont Dwain Chambers, Marion Jones (qui fera 5 mois de prison ferme après avoir été condamnée à 6 mois ferme) et Tim Montgomery. En 2008, Trevor Graham a admis avoir menti aux enquêteurs, ce qui lui amènera une condamnation d’une année en résidence surveillée.

–  2006 : Lors de la 17ème étape du Tour de France, l’américain Floyd Landis, qui, la veille, semblait avoir perdu toutes ses chances de gagner le Tour à cause d’une défaillance, s’échappe et gagne cette étape avec près de 7 minutes d’avance sur ses principaux adversaires. Ainsi, il revient à 30 secondes du maillot jaune porté par Oscar Pereiro. Ainsi, lors de la 19ème étape du Tour de France qui était un Contre-La-Montre, Floyd Landis prend la troisième place et récupère le maillot jaune qu’il gardera jusqu’à l’arrivée aux Champs-Elysées. Quelques mois plus tard, le résultat du contrôle antidopage effectué sur cette étape s’avère positif à la testostérone (11 fois le taux normal, la limite étant de 4 fois le taux normal). Floyd Landis est déclassé en septembre 2007, l’espagnol Oscar Pereiro est alors désigné vainqueur du Tour de France. A ce jour, Oscar Pereiro est le seul vainqueur du Tour de France à n’avoir jamais eu de problèmes liés au dopage.

– 2007 : Martina Hingis, championne de tennis est contrôlés positive à Wimbledon, elle met fin à sa carrière à seulement 27 ans. Le danois Michael Rasmussen est en tête du Tour de France lorsque le 19 Juillet, la fédération danoise de cyclisme exclut Michael Rasmussen de l’équipe nationale. Le coureur n’ayant pas fourni son emploi du temps d’avant-Tour, la fédération danoise émet des suspicions de dopage. Dans les deux jours qui suivent, un vététiste américain amateur dénonce Michael Rasmussen qui lui aurait demandé de transporter des produits dopants. Le 25 Juillet, devant l’ampleur que prend le scandale, l’équipe néerlandaise, Rabobank décide de rompre son contrat avec le coureur cycliste, qui de fait est éliminé du Tour de France. La danois perd ainsi son maillot jaune et se dit « affecté » par cette affaire. Cependant, au mois de septembre de la même année, un échantillon prélevé lors de l’épreuve contient de la Dynepo (EPO fabriqué à partir de cellules humaines), le coureur est de fait suspendu pour deux ans à partir du 25 Juillet 2007. Depuis son retour à la compétition, Michael Rasmussen n’a gagné que le prologue du tour de Chihuahua.

– 2008 : Les multiples affaires des années précédentes ne semblent pas vouloir calmer les ardeurs de certains cyclistes. Les espagnols Manuel Beltran et Moisés Dueñas sont contrôlés positifs à l‘EPO. Mais les cas s’aggravent et l’italien Riccardo Ricco qui portait le maillot à pois et le maillot blanc de meilleur jeune, qui avait gagné deux étapes et qui fût l’un des favoris qui a, lui aussi, été contrôlé positif à l’EPO. Peu après l’arrivée, Dimitri Fofonov est également contrôlé positif. Mais en septembre 2008, un nouveau test permet de détecter la présence d’EPO CERA (troisième génération), cette avancée a permis le contrôle positif de Stefan Schmacher, vainqueur de deux Contre-La-Montre, de Bernard Kohl, vainqueur du maillot à pois et de Leonardo Piepoli, vainqueur d’étape et co-équipier de l’italien Riccardo Ricco. Tous ces coureurs ont écopés de deux années de suspension.

– 2010 : Le cycliste Alberto Contador remporte son troisième Tour de France. Devançant Andy Schleck de 39 secondes, il n’est pas directement soupçonné de dopage car il n’a gagné aucune étape. En fin septembre, l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) le suspend à titre provisoire après avoir détecté un résultat anormal à l’issue d’un contrôle antidopage réalisé lors de la deuxième journée de repos, des traces de clenbutérol auraient étés trouvées. Plus tard, des résidus plastiques ont étés trouvés dans le sang du cycliste castillan, résidus plastiques semblables à ceux que l’on trouve dans les pochettes contenant des produits dopants. Le cycliste espagnol adopte pour défense la thèse d’une contamination alimentaire, stratégie déjà utilisée par de multiples sportifs. Son argumentaire ne convainc pas la Fédération royale espagnole de cyclisme (RFEC) qui prononce le 26 Janvier 2011 une suspension d’un an à l’encontre d’Alberto Contador, sanction qui serait effective dès le mois d’Aout 2010 depuis lequel l’espagnol n’a pas participé à une course depuis la révélation du scandale. Finalement, il est blanchi au milieu du mois de Février et retourne à la compétition le 16 Février à l’occasion de la première étape du  Tour de L’Algarve , épreuve qu’il a remporté en 2009 et 2010.